Il est des douleurs que personne ne voit.
Pas de plaies, pas de pansements.
Rien à montrer, sinon un regard un peu plus éteint, une fatigue qu’on ne peut pas expliquer, une fragilité qui s’infiltre jusque dans la voix.
Quand l’âme est blessée, c’est tout notre monde intérieur qui chancelle.
On sourit, on fait bonne figure, mais quelque chose en nous s’effondre en silence. Et le pire, c’est que personne ne le remarque vraiment. Parce que la douleur invisible ne fait pas de bruit. Elle se cache, elle s’enfouit… mais elle persiste. Parfois, un mot, une chanson, un souvenir suffit pour rouvrir cette faille que l’on croyait refermée.
Mais alors, comment avancer avec une âme blessée ?
Peut-être en apprenant à l’écouter et à l’accueillir avec bienveillance, plutôt que de la fuir ou de la nier. Cette douleur est une invitation à nous tourner vers nous-mêmes, à comprendre ce qui a été laissé en suspens, ce qui mérite d’être réconcilié. Parfois, en la confrontant sans peur, nous découvrons des parts de nous-mêmes qui étaient cachées ou oubliées.
Et dans cet espace de reconnaissance, un lent processus de guérison peut s’initier. Il ne s’agit pas d’effacer la douleur, mais de lui offrir une place dans notre histoire, sans qu’elle en écrive chaque page. Il s’agit de marcher à son rythme, en s’accordant le droit d’avoir mal… tout en gardant un œil tourné vers la lumière.
Car même blessée, une âme peut encore aimer.
Même fatiguée, elle peut encore espérer. Même meurtrie, elle peut apprendre à se reconstruire. Et parfois, dans le calme après la tempête, on découvre une force insoupçonnée : celle d’avoir traversé… sans s’être abandonné.
© Nicole Charest | lapetitedouceur.org